Les mésaventures d’un diplomate comorien à Paris
27 Jul 2014 - 13h19
«On ne peut que s’indigner en constatant qu’on gère un pays sur la base de rumeurs. On t’accuse, on te limoge et on t’abandonne dans un pays comme ça et on te coupe les vivres. Ça ne se fait pas. C’est indigne ». Abdallah Mohamed, premier Conseiller à l’Ambassade des Comores en France de 2008 à 2013, est aujourd’hui un homme à bout de patience. Relevé de ses fonctions en mai 2013, ce diplomate traverse depuis une situation insoutenable. « Depuis novembre 2013 on me paye un salaire indiciaire des Comores contrairement à ce qui s’est fait avec les autres. Ce n’est pas humain », lance-t-il, désabusé. Il est d’autant plus agacé lorsqu’il constate qu’un de ses collègues, Mohamed Idarousse Fakhih, qui a été limogé, deux mois après lui, « a perçu ses frais et on a continué à le payer jusqu’au mois d’avril alors qu’il a eu ses droits. On a continué à lui payer son salaire de Ministre conseiller, comme s’il était toujours en poste alors qu’il est rentré au pays trois mois après ». Et lui d’interroger : « Vous voyez cette injustice ? Pourquoi ce deux poids deux mesures ?» .
L’infortune du premier Conseiller serait partie de l’affaire de la présumée tentative de coup d’Etat déjouée par les autorités comoriennes le 21 avril 2013. « Ma mère dont je suis le fils unique est morte le 25 avril 2012 et il se trouve que je me suis rendu au pays en avril 2013 pour les cérémonies religieuses commémorant sa mort. Tout d’un coup on annonce cette tentative de coup d’Etat et à ma grande surprise, j’apprends dans la foulée par un ami que je serais cité parmi les gens impliqués », relate-t-il. Aujourd’hui, le diplomate croit dur comme fer que cette rumeur tendant à l’impliquer dans cette sale affaire est l’œuvre de certains de ses collègues du 20 rue Marbeau (siège de l’Ambassade des Comores dans le 16è arrondissement de Paris). Des« collègues jaloux », indique-t-il.Abdallah Mohamed cite nommément un de ceux-ci comme étant le principal auteur de cette machination. « C’est depuis longtemps, que le bonhomme essaye de me faire des coups, mais cette fois ci, il a trouvé un bon prétexte », confie-t-il, dégoûté. Le « prétexte » Abdallah Mohamed l’explique ainsi: «Quelques mois avant cette tentative de coup d’Etat, une rumeur circulait sur l’imminence d’un remaniement du gouvernement aux Comores. A l’ambassade on en parlait comme les autres. Mon collègue a pris prétexte de ces échanges pour dire que je savais quelque chose car je parlais souvent d’un « changement » imminent de gouvernement, alors que nous parlions de remaniement », nous explique-t-il. « Dans sa mauvaise foi, il a très vite fait le lien entre moi et l’un des soit-disants présumés coupables, Mahamoud Ahmed Abdallah qui est mon beau père, pour s’imaginer que j’étais forcément au courant de tout cela », poursuit-il.Rapidement le diplomate entreprend d’éteindre ce feu qui risque de l’emporter. Mais ça sera en vain. « J’ai appelé des autorités pour leur dire que je n’y suis pour rien dans cette affaire. Je n’ai eu aucun problème aux Comores. Je n’étais pas inquiété jusqu’à mon départ », ajoute-t-il. Alors qu’il croyait s’être fait comprendre auprès de ses interlocuteurs, le premier Conseiller apprendra son limogeage moins d’un mois après son retour à Paris. « Un arrêté du Ministre des relations extérieures en date du 25 mai 2013 est transmis à l’Ambassadeur Bourhane qui m’a appelé par la suite pour me signifier mon limogeage. Il m’a ensuite remis une copie », lance-t-il. Il est viré sans autre forme de procès. Et pourtant, « Je suis un diplomate de formation et de carrière. C’est mon domaine, je ne suis pas venu par la politique. J’ai servi ce pays depuis plus de 24 ans. J’ai fait ma carrière au ministère des affaires étrangères et à la présidence de la République en qualité de Directeur du Protocole», tient-il à souligner.Depuis, ce 25 mai 2013, le diplomate se trouve engluer dans un tourbillon. C’est un homme accablé qui décide alors de défendre son honneur et sa réputation. « Le 25 mai j’ai adressé un courrier au Chef de l’Etat que j’ai fait passé par le vice-président Nourdine Bourhane. J’ai expliqué au président que je n’y suis pour rien dans cette affaire. On s’est ensuite vu à Paris où je lui ai réitéré de vive voix tout ce que je lui avais déjà dit dans mon courrier. J’ai dit au président que je suis un fonctionnaire, je ne me suis jamais mêlé de politique politicienne. Je voudrais démentir toutes ces rumeurs et vous donner la confirmation que ce n’est pas mon caractère. Ce sont des gens qui veulent casser ma carrière par pure jalousie », se serait-il défendu auprès du président Ikililou. Et pour démontrer sa bonne foi, il aurait même réclamé au chef de l’Etat un face à face avec ses « accusateurs ». Une demande que le chef de l’Etat n’avait pas refusée mais qui n’a pas eu lieu jusqu’à ce jour.Désemparé, il adressa alors un courrier au ministère des relations extérieures pour revendiquer ses droits. « J’ai écrit au ministère, la procédure est engagée et il reste le payement de mes droits et salaires. Et cela malgré les relances. Pour le moment, je n’ai rien d’autre à faire que d’attendre », indique ce père de famille inquiet. Une attente qui dure depuis une année. Face à cette mésaventure, le diplomate ne se console que d’une chose. « Je garde encore mon statut de diplomate. Heureusement, le quai d’Orsay n’a pas retiré ma carte diplomatique qui est valable jusqu’en 2016 en attendant que mon pays me donne mes droits », a-t-il soutenu.
Par Faissoili Abdou
L’infortune du premier Conseiller serait partie de l’affaire de la présumée tentative de coup d’Etat déjouée par les autorités comoriennes le 21 avril 2013. « Ma mère dont je suis le fils unique est morte le 25 avril 2012 et il se trouve que je me suis rendu au pays en avril 2013 pour les cérémonies religieuses commémorant sa mort. Tout d’un coup on annonce cette tentative de coup d’Etat et à ma grande surprise, j’apprends dans la foulée par un ami que je serais cité parmi les gens impliqués », relate-t-il. Aujourd’hui, le diplomate croit dur comme fer que cette rumeur tendant à l’impliquer dans cette sale affaire est l’œuvre de certains de ses collègues du 20 rue Marbeau (siège de l’Ambassade des Comores dans le 16è arrondissement de Paris). Des« collègues jaloux », indique-t-il.Abdallah Mohamed cite nommément un de ceux-ci comme étant le principal auteur de cette machination. « C’est depuis longtemps, que le bonhomme essaye de me faire des coups, mais cette fois ci, il a trouvé un bon prétexte », confie-t-il, dégoûté. Le « prétexte » Abdallah Mohamed l’explique ainsi: «Quelques mois avant cette tentative de coup d’Etat, une rumeur circulait sur l’imminence d’un remaniement du gouvernement aux Comores. A l’ambassade on en parlait comme les autres. Mon collègue a pris prétexte de ces échanges pour dire que je savais quelque chose car je parlais souvent d’un « changement » imminent de gouvernement, alors que nous parlions de remaniement », nous explique-t-il. « Dans sa mauvaise foi, il a très vite fait le lien entre moi et l’un des soit-disants présumés coupables, Mahamoud Ahmed Abdallah qui est mon beau père, pour s’imaginer que j’étais forcément au courant de tout cela », poursuit-il.Rapidement le diplomate entreprend d’éteindre ce feu qui risque de l’emporter. Mais ça sera en vain. « J’ai appelé des autorités pour leur dire que je n’y suis pour rien dans cette affaire. Je n’ai eu aucun problème aux Comores. Je n’étais pas inquiété jusqu’à mon départ », ajoute-t-il. Alors qu’il croyait s’être fait comprendre auprès de ses interlocuteurs, le premier Conseiller apprendra son limogeage moins d’un mois après son retour à Paris. « Un arrêté du Ministre des relations extérieures en date du 25 mai 2013 est transmis à l’Ambassadeur Bourhane qui m’a appelé par la suite pour me signifier mon limogeage. Il m’a ensuite remis une copie », lance-t-il. Il est viré sans autre forme de procès. Et pourtant, « Je suis un diplomate de formation et de carrière. C’est mon domaine, je ne suis pas venu par la politique. J’ai servi ce pays depuis plus de 24 ans. J’ai fait ma carrière au ministère des affaires étrangères et à la présidence de la République en qualité de Directeur du Protocole», tient-il à souligner.Depuis, ce 25 mai 2013, le diplomate se trouve engluer dans un tourbillon. C’est un homme accablé qui décide alors de défendre son honneur et sa réputation. « Le 25 mai j’ai adressé un courrier au Chef de l’Etat que j’ai fait passé par le vice-président Nourdine Bourhane. J’ai expliqué au président que je n’y suis pour rien dans cette affaire. On s’est ensuite vu à Paris où je lui ai réitéré de vive voix tout ce que je lui avais déjà dit dans mon courrier. J’ai dit au président que je suis un fonctionnaire, je ne me suis jamais mêlé de politique politicienne. Je voudrais démentir toutes ces rumeurs et vous donner la confirmation que ce n’est pas mon caractère. Ce sont des gens qui veulent casser ma carrière par pure jalousie », se serait-il défendu auprès du président Ikililou. Et pour démontrer sa bonne foi, il aurait même réclamé au chef de l’Etat un face à face avec ses « accusateurs ». Une demande que le chef de l’Etat n’avait pas refusée mais qui n’a pas eu lieu jusqu’à ce jour.Désemparé, il adressa alors un courrier au ministère des relations extérieures pour revendiquer ses droits. « J’ai écrit au ministère, la procédure est engagée et il reste le payement de mes droits et salaires. Et cela malgré les relances. Pour le moment, je n’ai rien d’autre à faire que d’attendre », indique ce père de famille inquiet. Une attente qui dure depuis une année. Face à cette mésaventure, le diplomate ne se console que d’une chose. « Je garde encore mon statut de diplomate. Heureusement, le quai d’Orsay n’a pas retiré ma carte diplomatique qui est valable jusqu’en 2016 en attendant que mon pays me donne mes droits », a-t-il soutenu.
Par Faissoili Abdou