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« La justice comorienne peut sortir renforcée à condition qu’elle ne soit pas obligée de collaborer avec la justice Maoraise »

23 Feb 2014 - 21h07

Une semaine après la signature d’une convention d’entraide judiciaire entre les Comores et la France, le président du PEC (Parti pour l’entente comorienne) réagit par rapport à cet accord. Bien qu’il apprécie à sa juste valeur cette convention, il s’interroge par ailleurs sur sa portée et se montre retissant sur le fait que la justice comorienne ne soit du coup transformée en un bras prolongé de la justice maoraise.

Question : Quelle est votre réaction à propos des accords d’entraide judiciaire qui viennent d’être signés à Moroni ?

Fahmi Said Ibrahim : En soi, je n’ai jamais été hostile pour signer des accords avec la France. Nous sommes au demeurant liés par plusieurs notamment les accords monétaires, les accords de défense et je suis ravi que l’on puisse s’appuyer demain sur la justice française pour nous faire prévaloir des droits. Si de tels accords existaient il y a quelques années, la justice française de La Réunion n’aurait pas pu refuser d’extrader Mohamed Bacar vers les Comores pour répondre aux différentes accusations portées contre lui, comme l’attaque contre l’AND et les enlèvements de militaires ou encore les actes de tortures et violences physiques perpétrés contre la population comorienne d’Anjouan. Toutefois, je répète ce que j’ai eu l’occasion de dire il y a quelques mois, le gouvernement comorien, en omettant volontairement d’insérer une clause suspensive et de réserve sur l’application de ces accords à Mayotte, viole la constitution comorienne et les résolutions des Nations Unies. Cela est extrêmement grave et c’est un coup sérieux porté contre la souveraineté comorienne par les autorités en place. Le litige territorial opposant les Comores à la France est un motif sérieux et légitime pour refuser que l’application de ces accords soit étendue jusqu’à Mayotte. Mais en réalité, ce qui intéresse la partie française, c’est de faciliter les expulsions de Comoriens de Mayotte et plus précisément des enfants mineurs, voilà la vérité. Notre gouvernement se fait volontiers le complice de cette politique. 

Question : Selon l’ambassadeur de France, cet accord permettra une amélioration du travail entre les magistrats et enquêteurs des deux pays, est-ce que la justice comorienne ne perd pas son indépendance ?

FSI : Non, la justice comorienne peut sortir renforcée à condition qu’elle ne soit pas obligée de collaborer avec la justice de Mayotte. En revanche, le gouvernement comorien, en acceptant de signer des accords qui autorisent la justice française de Mayotte à coopérer avec la justice comorienne, porte incontestablement atteinte à notre souveraineté. Comment peut-on comprendre un seul instant que les Comores puissent coopérer avec les Comores puisqu’en droit, aussi bien comorien qu’en droit international, Mayotte est comorienne? Ceux qui avalisent ainsi l’occupation de Mayotte ont peut être réussi leur mauvais coup, mais le peuple Comorien et nous autres, ne sommes pas de leur côté. J’appelle tous ceux qui restent attachés à l’unité des Comores de se mobiliser et de refuser cette humiliation. Quand j’étais ministre dans le dernier gouvernement du Président Sambi, j’ai gardé un bon souvenir du vice-président de l’époque Ikililou Dhoinine, qui était toujours attentif à la question de la souveraineté nationale et plus particulièrement à la question de Mayotte. 

Question : A propos de l’interdiction de la manifestation qui avait lieu tous les samedis, quelle est votre opinion? 

FSI  : Je suis inquiet par la dérive autoritaire que prennent petit à petit nos gouvernants. On voit des journalistes poursuivis illégalement devant la justice pour avoir fait leur travail, des opérateurs subir des pressions fiscales d’un autre âge, exercées principalement sur les hommes et les femmes d’affaires qui osent dénoncer la mauvaise gouvernance; et d’aucuns voient leurs magasins fermés par le fisc. On croit rêver, cette administration est utilisée comme bras armé du pouvoir politique, ce qui est scandaleux. Enfin, l’interdiction de manifester notifiée à la société civile qui avait pris pour habitude de se réunir tous les samedis devant l’Assemblée de l’île, me préoccupe. Il faut que les gouvernants comprennent que la culture bolchevique et dictatoriale est révolue, un vent de liberté souffle sur la planète et qu’ils n’ont pas le droit de museler le peuple. Celui-ci est en droit de manifester son mécontentement et le gouvernement devrait s’habituer à l’entendre, à défaut de prendre en compte ses revendications légitimes dont le refus de s’accommoder à la paupérisation continue. J’appelle les pouvoirs publics à prendre rapidement des dispositions pour lever l’interdiction qui frappe les manifestations des indignés, dès lors que ces derniers se montrent respectueux de l’ordre public, ce qui est le cas jusqu’à présent.

Propos recueilli par Maoulida Mbaé de HZK Presse 

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